Offre un laboratoire naturel unique en son genre pour l’exploration de la science du climat et de ses implications pour les populations et les écosystèmes.
Le Bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt du monde, présente des caractéristiques météorologiques distinctes et son écosystème est contrôlé par des interactions complexes entre de nombreux phénomènes climatiques agissant à plusieurs échelles (Fig. 1). Même si, en raison de sa situation, elle reçoit peu d’attention par rapport au bassin de l’Amazone, la forêt tropicale du Congo contribue aux processus responsables des communications climatiques inter-hémisphériques en Afrique. À plus grande échelle, le bassin régule la circulation tropicale mondiale en étant l’une des régions les plus actives en matière de convection. Par conséquent, le bassin offre un laboratoire naturel unique pour les explorations de la science du climat et leurs implications pour les humains et les écosystèmes. Mais pourquoi ce cœur vert de l’Afrique a-t-il été négligé et que devons-nous faire pour y remédier ?
Pourquoi nous savons peu de choses et ce que nous pouvons faire
Les observations climatiques in-situ sont limitées et ce qui est disponible doit être utilisé avec précaution. Mais le manque de données n’est pas la seule raison qui limite notre compréhension de l’écosystème du bassin. Parmi les autres facteurs, citons la complexité intrinsèque de son système climatique, le financement insuffisant de la recherche, les instabilités politiques et les politiques restreintes de partage des données.
Plusieurs efforts ont été déployés ces dernières années, tels que des conférences sur les problèmes du Bassin du Congo, l’installation de stations météorologiques à faible coût dans la région et des campagnes de terrain menées en collaboration par la NASA et l’ESA. Si ces actions ont été utiles, leur portée a été limitée.
L’un des principaux obstacles à la recherche climatique dans le Bassin du Congo est l’inquiétude des chercheurs en visite quant à la sécurité et à l’instabilité de la région. Cela peut être le cas aussi bien pour les chercheurs dont le travail implique des observations sur le terrain que pour ceux qui souhaitent visiter la région à des fins de communication scientifique et de collaboration potentielle. Les responsables des pays du bassin du Congo devraient faire tout leur possible pour changer cette perception et assurer la sécurité des chercheurs en visite. Un tel effort nécessiterait une action au niveau de l’État et dépasse la capacité des instituts universitaires. Pendant la pandémie de Covid-19, nous avons fait beaucoup de progrès pour nous adapter efficacement aux réunions virtuelles de différentes tailles. Je pense que c’est une occasion unique pour les pays du Bassin du Congo de promouvoir des séminaires virtuels, des collaborations de recherche et des tutoriels. Il s’agirait d’une excellente étape de renforcement de la confiance, qui pourrait ensuite s’étendre aux communications non virtuelles, si nécessaire. Un autre avantage de cette initiative serait d’éliminer les frais de déplacement.
Les États devraient également assouplir leurs politiques de partage des données, une première étape essentielle pour encourager les pays à revenu plus élevé à accroître leur financement de la recherche dans la région. Ces efforts aboutiraient à un scénario gagnant-gagnant. D’une part, les ressortissants du bassin du Congo bénéficieraient directement des résultats de la recherche et des formations potentielles résultant de ces fonds externes. D’autre part, les collaborations permettraient de mieux comprendre la science du système terrestre en améliorant, par exemple, les systèmes de modélisation du climat mondial.
En plus des conférences régionales, une plateforme accessible à l’ensemble de la communauté de la recherche climatique serait nécessaire pour présenter les derniers résultats et défis de la recherche, échanger des idées futures et renforcer les collaborations à travers le monde. Il devrait y avoir une session récurrente sur le climat et l’écosystème du bassin du Congo lors des réunions annuelles de l’American Geophysical Union (AGU), de l’American Meteorological Society (AMS) ou de l’European Geosciences Union (EGU).
Les changements dans le bassin du Congo doivent avoir des impacts sur le système hydro-climatique mondial. Par conséquent, il est essentiel d’adopter une approche holistique et de reconnaître que les conditions dans ce bassin peuvent affecter d’autres régions comme l’Afrique de l’Ouest, qui à leur tour peuvent moduler le Bassin du Congo à travers diverses boucles de rétroaction contrôlées par les caractéristiques climatiques présentées dans la Figure 1. Enfin, j’appelle la communauté climatique à prendre des mesures immédiates pour combler le manque de connaissances sur ce patrimoine naturel mondial et contribuer à atténuer les menaces croissantes qui pèsent sur ses écosystèmes et sa biodiversité.
Source : www.nature.com